Cette étonnante relation avec le monde se faisait dans le
contact le plus direct possible. Ce n’était plus l’amour
de l’homme pour ses propres projections, mais la recherche
d’un abandon à l’inconnu, l’unité
avec des systèmes de perceptions inconcevables pour l’esprit
quotidien.
Mais à chaque fois, ces explorateurs retrouvaient sur leur
chemin quelque chose qui ressemble à une union du cœur
avec l’immensité. Leur cœur n’était
plus seulement dans leurs poitrines, il était partout. L’immensité
n’était plus seulement celle des années lumières,
mais aussi celle de l’infinité des façons de
voir.
Les éléments, les animaux, et tout ce que nous ne
connaissons pas encore, sont nos partenaires, dans un même
mystère. Tous sont en nous, dans le cœur de l’univers,
qui est aussi le nôtre. Alors nous leur demandons de nous
guider, de nous faire entrevoir ce qui nous manque. Pourquoi penser
qu’ils n’ont rien à nous dire? Écoutons
d’abord avec le centre de notre être.
Nous croyons par exemple que la lumière ne nous sert qu’à
voir. Par quelle désespoir avons-nous décidé
que la lumière n’était pas vivante? Nous pourrions
sentir que la lumière nous regarde, en même temps qu’elle
nous éclaire. Par quel orgueil croyons-nous que nous sommes
les seuls à porter un regard? Pourquoi ne sentons-nous pas
aussi l’univers nous regarder? A travers les arbres, le ciel,
le vent, la terre, qui, avec toute leur puissance, nous percent
de leur vision, vivons dans l’honneur de nous faire accompagner
par les yeux du monde. |